Wednesday, December 14, 2011

Finnois flegmatique qui s'était endormi

Pierre lui fit le salut militaire et reprit son récit après avoir mis sa chaise à l'envers pour s'asseoir à califourchon.

--Je tournai le coin du jardin, suivant qu'il m'avait été ordonné, et je fis arrêter mon équipage. Personne! Un instant je crus que cette proposition d'enlèvement n'avait été qu'une aimable mystification de ma charmante cousine, et je ne saurais dire qu'à cette idée mon coeur éprouvât une douleur bien vive; mais je faisais injure à Clémentine. Je la vis accourir dans l'allée, un petit paquet à la main: elle ouvrit la porte palissadée qui donnait sur la route, et, d'un saut, bondit dans la calèche. Je sautai auprès elle.

--Touche! dis-je à mon postillon, Finnois flegmatique qui s'était endormi sur son siège pendant cette pause.

Quand vous aurez une femme à enlever, mes amis, je vous recommande de prendre un cocher finnois; ces gens-là dorment toujours, ne tournent pas seulement la tête et ne se rappellent jamais rien. Au fait, vous savez cela aussi bien que moi, et ma recommandation était inutile.

Henry Gréville: La fille de Dosia

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